Dans les marais de la presqu'île de Rhuys et à proximité d'un moulin à marée devenu inactif depuis bien longtemps, des oiseaux migrateurs s’étaient dissimulés dans les herbus. La tête sous une aile, ils semblaient dormir tandis que des flocons de neige s’éparpillaient, habillant les menhirs d'un léger manteau blanc... A quelques lieues d'ici, sous les reflets de l'astre lunaire, les arbres dénudés scintillaient. Les toits poudreux des maisons du village de Blavasson donnaient l’impression de protéger leurs locataires de cette rare intempérie hivernale. Par la porte d’une modeste maisonnette, une jeune fille sortit. Tout autour d'elle, la lune éclairait généreusement... La jeune fille vêtue d'un manteau et aidée d'une lampe de poche, se rendit sous la grange. Elle en sortit quelques instants plus tard, les bras chargés de bûches. Elle retourna jusqu'à la maisonnette, provoquant des craquements de neige sous ses bottes noires, puis arriva devant la porte qui s'ouvrit devant elle... un vieil homme lui sourit et elle entra...
– Brr ! ça caille dehors, Papy. Il fait meilleur ici, fit-elle en déposant ses bûches à proximité d’une cheminée en granit de pays.
– Eh bien avec ta brassée de bois... on en a pour un sacré moment, estima le vieil homme.
– Tu m’as dit tout à l'heure que la nuit allait être longue.
La jeune fille retira son manteau qu'elle déposa sur le dossier d’une chaise laissant apparaître sa chaude robe de laine. L’horloge Franc-Comtoise au bois ciré sonna deux coups. Elle ôta ses bottes et plongea dans un fauteuil au tissu à ramages multicolores puis elle se tourna :
– Ça y est ! Je suis prête... tu peux continuer ton conte, mon papy.
– Où j'en étais ?
– Tu me disais qu’Honoré se trouvait au fond d’un fossé.
