Extrait Tome 3

CHAPITRE I

Une veillée passionnante

 

Des flocons de neige virevoltaient dans la nuit, au gré d'un léger vent, tel que les déposerait par petits coups de pinceaux précis un peintre-paysagiste sur sa toile. Le décor ressemblait à ces cartes de vœux animées souhaitant de Joyeux Noëls aux quatre coins du Monde. Un pont de bois givré faisait face à une petite maison au toit poudreux coiffé d'une cheminée d'où s'échappait un léger filet de fumée. Un rai filtrant par un mince écart entre les lames des volets baissés, indiquait que les locataires du lieu ne dormaient pas malgré l'heure tardive. Faisons les indiscrets et glissons-nous par cette meurtrière lumineuse improvisée...

A l'intérieur, une pièce rectangulaire se dévoilait à notre regard. Dans ce lieu rempli d’histoires, le temps semblait s'être arrêté ; sur l’un des côtés, se trouvait une cheminée en granit de Pays qui voisinait avec un fauteuil où se détendait une jeune fille vêtue d’une robe de laine. Contre le mur de séparation, on avait plaqué un buffet en noyer surmonté d'un corps du même bois et deux fils de cuivre jaune soutenaient une grande glace murale suspendue. En guise de décoration, on avait accroché par ordre de taille une série de casseroles en cuivre rouge. Plus loin, une cafetière en émail était posée sur une ancienne cuisinière à bois allumée. Dans l’angle, un meuble en châtaignier supportait un évier en grès blanc et sur l’autre côté, on avait placé deux portes en bois peintes. Celle de gauche de couleur rouge cramoisi et sa voisine de teinte beige devaient permettre l’accès à ce qui semblait être les chambres. Les murs étaient recouverts d'une tapisserie fumée autrefois joyeuse mais qui était maintenant toute passée et se décollait par endroits... Près de l’horloge Franc-Comtoise au bois ciré se trouvait une porte sans serrure recouverte de la même tapisserie, tandis qu’au centre de la pièce, on avait disposé une longue table fortement usagée qui pouvait accueillir de nombreux convives. Ce soir-là, seul un vieil homme assis sur un long banc en bois y avait pris place. Ne bougeons plus, regardons et surtout écoutons ces deux êtres que soixante-dix ans séparent...

 

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